Nouveau...vous avez dit nouveau....

LA nouveauté 2014:

Lu sur le portail "educsol" : Innover et expérimenter, Ah! Ah! Ah! L'évaluation pour apprendre, apprendre à évaluer !!! Voili, voilà, rien que ça...et nous revoilà dans les années 80 (Chic, 30 ans de moins! Mieux vaut en rire qu'en pleurer...): notation, évaluation formative, sommative, pédagogie par objectifs, critères de réussite etc... éternel recommencement!...mais un peu dommage quand même d'avoir abandonné et de repartir à 0 au lieu de continuer en remédiant à quelques défauts !!
"Les classes sans note permettent d'impliquer les élèves, d'ajuster l'enseignement, de produire un retour d'information et développer l'auto-évaluation"

  • Reportons nous à la fin des années 1960, en ce qui concerne la notation, une circulaire du ministère de l’éducation nationale incite les enseignants à utiliser une échelle simplifiée de 1 à 5 ou sous formes de lettres (ABCD) - les enseignants s'empressent alors de créer des degrés supplémentaires à l'aide de + et de - !!!!- . Le classement des élèves est "supprimé" en 1969 (L'est-il dans les têtes??? -des enseignants comme des parents!!-).
    Noizet et Caverni (1978) sont la référence pour démontrer que le processus de notation est déterminé par un ensemble de représentations implicitement construites par l’évaluateur, par sa sensibilité à la position de la copie par rapport à celles précédemment notées (effet d’ordre et de contraste), la qualité de l’écriture et de l’orthographe (effet de halo), etc., parmi les facteurs susceptibles d’expliquer des variations de notation entre correcteurs d'une même copie.

"Une pratique collective et plus réflexive de l'évaluation

  • Impliquer les élèves dans leur apprentissage :....les enseignants partagent les objectifs avec leurs élèves. On pourrait (quelle découverte!) par exemple expliquer clairement les motifs de la leçon et de l'activité, en termes d'objectifs d'apprentissage, partager les critères d'évaluation avec les élèves, .....
  • ...., les enseignants gagneraient à montrer aux élèves des exemples de travail réussi pour qu'ils voient les objectifs « en vrai ». Les élèves qui étudient le travail réussi des autres élèves pourront ainsi développer des compétences réflexives et prendre part activement au processus d'évaluation. ....
  • Produire un retour d'information efficace ( feedback ) pour les élèves : ....
  • Développer l'auto-évaluation et l'évaluation par les pairs : ...."

Retour sur ... stages de formation des années 70-80 et publications recommandées: "pédagogie de la maîtrise" Bloom, fin des années 1960 avec deux principes fondamentaux : définir clairement les objectifs à atteindre tant pour l’enseignant que pour l’élève et mettre en œuvre une évaluation critériée tout au long du processus. Les enseignants et les formateurs peuvent s'appuyer sur diverses taxonomies (Mager, 1975) pour fixer les comportements attendus à l’issue de la séquence d’enseignement prévue (objectifs) ainsi que les critères d’évaluation qui rendront compte du succès ou de l’échec.
Dans la pédagogie par objectifs, l'énoncé des critères de réussite accompagne celui des objectifs. Elle vise à permettre à tous les élèves d’atteindre des objectifs d’apprentissage précis et hiérarchisés tout en tenant compte de leur rythme différent (Vogler, 1996).
Elle s'accompagne d'une démarche d’évaluation formative, conception nouvelle ... à l'époque!! . Dans cette perspective, on ne recherche pas en priorité à classer les élèves - comme c’est le cas dans l’évaluation normative traditionnelle- mais à réguler les apprentissages en réorientant et différenciant l’action pédagogique en fonction des capacités d’apprentissage des élèves. L'important c'est l’atteinte ou non de l’objectif fixé et la recherche des moyens à mettre en oeuvre. L’évaluation formative va de pair avec la pédagogie différenciée et implique de reconnaitre l’élève comme acteur de ses apprentissages.
Des ouvrages de référence (Landsheere -1971-, Cardinet -1988-) définissent les fonctions de cette évaluation pédagogique (orientation, régulation et certification des apprentissages) auxquelles correspondent des formes d’évaluation (prédictives, sommatives et formatives).
Certes il y a là matière à réfléchir et faire évoluer les pratiques mais.... (voir ci-contre pour l'envers du décor)
Tout cela a amené l'Institution à vouloir mesurer les acquis des élèves à des étapes de la scolarité, de façon à déterminer si, à discipline et à niveau scolaire donnés, les objectifs définis dans les programmes officiels étaient atteints. Plusieurs évaluations ont ainsi été réalisées à l’école élémentaire (fin de CP en 1979, CE2 en 1981, CM2 en 1983), au collège (6e en 1980, 5e en 1982) etc. ...Et c'est cette "nouveauté" qui a perduré! Et là, "dérive ...vous avez dit dérive" ...

à lire:avril 2005
L’évaluationnite, le malheur de l’école.
Pierre Frakowiak

extraits:
"on en arrivait à passer plus de temps à évaluer, à remplir des grilles, qu’à "faire l’école"
...
la lourdeur et la précision sophistiquée de certains dispositifs d’évaluation/remédiation,...

l’évaluation ne peut pas être en mesure de combler les carences et de bousculer l’immobilisme ambiant....
La transmission serait fondamentale, elle serait universelle et éternelle. Si elle ne fonctionne pas, c’est qu’il faut restaurer l’autorité, c’est que les parents ne font pas leur travail de "sous enseignant" ou de répétiteur, c’est que les enfants sont plus bêtes qu’avant et surtout qu’ils ne travaillent pas assez

En fait, on a imposé autoritairement la collation par "Casimir" interposé (un logiciel de traitement des résultats, le must de la technocratie éducative) de tous les résultats et on a vu s’épanouir histogrammes, camemberts, courbes et statistiques... et donc... classements.

1° L’évaluationnite a renforcé le poids des exercices au détriment de la multiplication des situations de construction du savoir.

2° L’évaluationnite a conforté les tenants de la transmission,...le "professeur transmetteur de savoirs"...
[au lieu de ]
rechercher les cohérences entre la nécessité d’évaluer le fonctionnement du système et la nécessité de le transformer, c’est-à-dire de transformer les pratiques pédagogiques.
Quelques priorités mériteraient d’être mises à l’étude....
1° engager un grand plan de formation ....un temps important consacré aux sciences de l’apprentissage... au travail d’équipe, à la pédagogie de la résolution de problèmes, à la pédagogie du projet. Il serait aussi indispensable d’y intégrer un temps pour la réflexion sur les savoirs, sur l’histoire des disciplines scolaires et des sciences.
3° reprendre intégralement la réflexion sur la remédiation, ... mais aussi sur les devoirs à la maison (trop souvent scandaleux pour les élèves de 6ème et 5ème),....
tant que l’on estimera que ce qui a réussi pour des générations de décideurs formés à l’école de Jules Ferry ...doit fonctionner pour les nouvelles générations et pour tous ..... tant que l’on caricaturera la volonté des chercheurs en sciences de l’éducation ..... au nom de savoirs sanctifiés, on n’avancera pas
 Pierre FRACKOWIAK
 Inspecteur de l’Education Nationale

Nouveauté 2013:

Nouveaux programmes, les précédents, ...c'était en ...1977, 86, 96....Ces derniers étaient effectivement plutôt nouveaux en substituant à la notion de "norme" celle de " maîtrise des discours "et aux horaires des "leçons" d'orthographe, de grammaire, de rédaction , la " séquence pédagogique " qui devait montrer le lien entre tous ces éléments.
Et, ma foi, c'est intéressant de comparer avec les IO de 1920.....!! voir site
: http://www.persee.fr
En 66, la référence est la nomenclature de 1949!...De plus en plus plus nouveau (!!!)

Mais dans l'enseignement, comme dans la chanson, "ça s'en va et ça revient"!!! Donc, en 2010, nouvelle nouveauté (!!), on serait maintenant plus proche des IO de 1925!! "Bonnes vieilles" leçons, "bonnes vieilles méthodes" "Retisse et récite..." Rien ne vaut "les têtes bien pleines" ....

Regardez bien vos NOUVELLES "NOUVELLES GRAMMAIRES" .......et comparez!! Voici une page de Grammaire Française "méthode Crouzet" publiée en .... 1907!!!
(Il s'agissait, explique la préface, d'appliquer la même méthode à l'enseignement du français qu'à l'enseignement du latin )

L’enseignement grammatical tel qu’il existe depuis des siècles constitue un terrain rassurant mais il relève d’une conception cumulative des apprentissages qui ne s’intéresse qu’accessoirement à la construction du sens... Tant pis! Même si les résultats de l’élève ne suivent pas, au moins la quantité de travail fournie pour des exercices répétitifs abondants est visible (en général , les parents sont contents) et facilement évaluable (au sens restrictif de notation) .

Question

Le "savoir" en grammaire révélé par un score de 10/10 obtenu lors de la reconnaissance d'une série de "sujets" dans des phrases (comme le proposent une nouvelle (!) "Nouvelle grammaire" et son "attractif" outil informatique est-il vraiment intéressant?